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La classe moyenne chinoise

Définition

L'expression "classe moyenne" désigne la partie de la population qui, par son niveau de vie, se situe entre les classes aisées et les classes les plus pauvres.

 

Selon le site la toupie

1- Une catégorie sociale différente

2- Critères d'appartenance à la classe moyenne chinoise et mode de vie de cette population 

Ancre 1

1- Une catégorie sociale différente

Pour pouvoir appréhender au mieux l’étendue de cette classe moyenne chinoise, il est nécessaire, en plus d’étudier ses caractéristiques  -  ce qui sera fait dans la partie suivante  -  de préciser au préalable  les différentes catégories sociales qui n’y appartiennent pas. Il est convenu de diviser la société en trois couches distinctes : pauvre, moyenne et riche. Nous considérons pour l’instant, la classe moyenne similaire à cette couche moyenne, même s’il est préférable d’y apporter des nuances, ses effectifs pouvant aisément osciller de 200 millions à 700 millions d’individus. L’on peut néanmoins d’ores et  déjà exclure de celle-ci, les paysans ( petits propriétaires terriens ) et les ouvriers peu qualifiés. Cette classe moyenne se concentre en effet majoritairement sur les grandes villes des littoraux, elle est donc à majorité citadine. La classe moyenne ne compte donc pas les quelques 650 millions de ruraux de l’empire du milieu, vivant souvent dans des provinces pauvres et arriérées où leurs terres restent à la merci des promoteurs et de l’Etat.


Concernant les ouvriers, prenons pour exemples le cas de Mingongs, les ouvriers migrants qui sont la principale, sinon l’unique main d’oeuvre du pays. En 2010, ils étaient 100 millions, plus de 4 millions uniquement à Pékin soit près du quart de la population. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone, exploités dans un état proche de la servitude et travaillent le plus souvent au sein des grandes villes, dans les grands chantiers, usines, ou même restaurants. Ces populations issues de l’exode rural ne possèdent pas, pour la majorité, le hukou “le livret d’enregistrement des résidences” le principal papier d’identité des chinois.  En Chine, le réservoir de main d’oeuvre s’élève à plus de 500 millions d’ouvriers potentiels. Avec un recul de 8,3 % des exportations, ils sont les premières victimes de la récession.  Les ouvriers dorment dans la plupart des cas sur place, entassés dans des dortoirs. Ils viennent des provinces les plus pauvres de la Chine et ne retournent dans les campagnes qu’une fois par an, généralement pour redistribuer le revenu obtenu à la famille. La main d’oeuvre n’est pas chère, ( ils ne gagnent pas plus d’une centaine d’euros par mois ) les patrons de ces entreprises peuvent donc vendre à bas prix. Ils sont nourris de slogan comme “ si quelqu’un ne travaille pas dur, il n’est pas de chez nous”, “celui qui gagne sa vie en Chine est un gagneur, celui qui la gagne outre-mer est un héros”. Dans les usines de jouets, c’est le travail des petites mains, dix heures par jour.​

Toy story, la vraie histoire de la fabrication des jouets. Michael wolf

À Dongguan, au sud du pays , plusieurs millions de jeunes femmes travaillent dans près 6000 entreprises. Les paysannes devenues ouvrières arrêtent de travailler à 25 ans, jugées trop vieilles, puis sombrent dans la prostitution et n’osent pas regagner leur village. Il y aussi les mineurs, souvent des migrants. Chaque année la Chine sacrifie plus de 5000 mineurs dans les mines de charbon faute de sécurité. Pour les ouvriers, comme pour les mineurs les conditions de travail sont éreintantes, jusqu’à douze heures par jour, sans compter les heures supplémentaires le plus souvent à peine rémunérées  Les congés du Nouvel An sont une délivrance pour les ouvriers chinois, et les Chinois en général. Trois semaines avant le Nouvel An “ l’atelier du monde cesse de travailler et reprend son souffle”. Les minggongs retournent alors dans leur province natale. Ils ne sont évidemment pas le type de population à s’accorder de séjours touristiques en Chine ou ailleurs, n’ayant à peine de quoi subsister. Selon la banque mondiale, la pauvreté toucherait un Chinois sur quatre.

 

Les riches et très riches sont aussi, quant à eux, à exclure de l’ensemble de la classe moyenne chinoise. Selon une étude du Boston Consulting Group, il y aurait cinq fois plus de millionnaires en Chine qu’en France, soit 1.11 millions. Les riches Chinois ne se manifestent que très peu, leur réussite étant paradoxale dans un pays d’obédience communiste. Ils ont su néanmoins, en partant de rien, profiter du miracle économique et bâtir des fortunes conséquentes. Beaucoup de ces individus font partie intégrante du PCC, louant Deng Xiaoping sans qui tout cela n’aurait pas été possible. Ils sont en effet conscients de leur situation instable et de la “ chasse au tigre” lancée par le président Xi Jinping contre la corruption. Ainsi le propriétaire du club med, Guo Guangchang, disparaît mystérieusement plusieurs jours et ce avant de réapparaître quelques jours plus tard devant la justice chinoise avant d’être jugé et condamné à 18 ans de prison.  Ils constituent pour la plupart l’élite du pays, et se partagent avec leur famille des fortunes colossales.

 

Les minorités s’opposant à la majorité Han, comme les Hui, les individus vivant dans les provinces du Xinjiang et du Gansu, ou les Tibétains (‘ un peu moins de 7 millions d’individus ) sont aussi à exclure. Ils vivent dans des provinces à l’ouest du pays.

 

Aussi, la socialisation anticipatrice, dont nous parlions plus haut, amène une autre caractéristique de la classe moyenne, celle ci s’est construite en opposition avec les groupes d’appartenance des personnes qui la constituent. Ainsi, dans un article de l’Express, les personnes de la classe moyenne disent utiliser le vélo dans un but de loisirs, alors que leurs parents, l’utilisaient eux dans le but d’aller travailler.


Maintenant, les Chinois de la classe moyenne diffèrent des occidentaux dans leur propension à épargner. En effet, leur taux d’épargne atteignait 30% en  2010 contre 16% pour les français.

Document présentant les taux d’épargnes de la classe moyenne et de l’Union Européenne.

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2- Critères d'appartenance à la classe moyenne chinoise et mode de vie de cette population 

La classe moyenne chinoise est un ensemble très difficile à cerner. C’est pourquoi sa définition ne peut s'accommoder d’un critère unique, comme le revenu annuel, mais d’une multitude, qui vont de la propension au tourisme à la possession d’un     smartphone...

Elle peut néanmoins être définie comme un groupe social répondant à plusieurs conditions:

 

  • la possession d’un lieu d’habitation plus cher que celui des populations moins riche (maison, appartement en ville)  et la possession d’une voiture.

  • une jeunesse relative (population née après les années 70).

  • un mode de vie urbain.on

  • des habitudes de consommati moins conservatrices (plus occidentales) que celles de la génération précédente.

  • Un certain niveau de revenu, détaillé plus bas.

  • une profession issue du secteur tertiaire (ou une profession dit de ‘’col blanc’’)

 

Il est possible de distinguer plusieurs sous-groupes faisant partie de cette classe moyenne: la classe moyenne dite “traditionnelle”, la classe moyenne supérieure et la classe moyenne supérieure/aisée.

L’appartenance à tel ou tel sous-groupe est déterminée par  le niveau de revenu. Les tableaux ci-dessous présentent brièvement les différentes catégories de la classe moyenne chinoise en fonction du niveau de revenu.

Pour les tableaux ci dessus, on a la légende suivante :

-EUR: revenu par an de la population désignée en euros

-RMB: revenu par an de la population désignée en Yuan renmibi, devise nationale chinoise ( pour rappel, au 21 décembre 2015, un euro vaut 7,07 renmibi yuan)

Ces tableaux montrent bien l’existence de trois classes moyennes chinoises. On peut donc catégoriser dans ces classes les ménages ayant des revenus compris entre 14000 et 48000 euros par an, toutefois, on n’opérera pas de différences entre la quantité de revenus primaires et de revenus secondaires par couche de la classe moyenne.

 

Selon une étude du groupe Atout France, la classe moyenne chinoise est composée d’environ 395 millions de ménages, et les trois quarts d’entre eux auraient un revenu compris entre 12 000 et 36 000 euros par an, on constate donc que ce groupe social est un ensemble hétérogène, surtout au vu du critère économique, la différence de revenu pouvant monter à 34800 euros par an, ce qui n’est pas rien, même au vu du niveau des prix en Chine…

 

En plus du niveau de revenu, l’appartenance à la classe moyenne chinoise se fait par un mode de vie urbain. Nous ne pouvons que partiellement l’identifier grâce au niveau de propriété immobilière car plus de 80 % des Chinois sont propriétaires, et souvent de plusieurs logements.

Ainsi, les populations de la classe moyenne chinoise habitent dans les grandes villes du pays, comme Shanghai, Pékin ou Shengzeng. Citée dans un article de l’hebdomadaire l’Express, Alice Ekman, spécialiste de la Chine explique que la classe moyenne chinoise est ‘’localisée très majoritairement dans les grandes métropoles de la côte est du pays, Pékin et Shanghai’’.


Le site internet de la société américaine McKinsey & Company publie des cartes qui nous informent des principaux lieux d’habitation des populations de la classe moyenne chinoise.

Carte et graphique ci dessus : on a une carte de la Chine; ici le pays est divisé en provinces, le graphique à la gauche de la carte traite de la répartition de la classe moyenne sur le territoire national chinois et nous montre des perspectives d’évolution de cette répartition entre  2002 et 2022. On traduit ainsi les titres :

-share of middle class by geography, % : répartition géographique de la classe moyenne en %

-Inland China : Chine intérieure ( en bleu foncé sur la carte et le graphique)

-Coastal China : Régions côtières de Chine ( en bleu clair sur la carte et le graphique)

L’étude de ce document confirme la citation de Mme Ekman dans le magazine l’Express, à savoir que la classe moyenne se concentre majoritairement dans les régions côtières de l'est de la Chine.

En effet, on constate que 87 % de cette population se trouvait sur les côtes en 2002. On remarque  aussi que cette classe est une population qui va grandir. Le graphique montre une croissance de celle ci qui selon les prévisions s’installera aussi dans des régions plus à l’ouest et au nord : la proportion de la classe moyenne habitant dans la Chine intérieure passera de 13% en 2002 à 39% en 2022; par là, on peut aussi comprendre que l’émergence et la croissance de ce groupe social ne sont pas prêtes de s'arrêter. Ce passage de 13% à 39% étant le signe d’un agrandissement de la population cible.

Par ailleurs, le site Internet de la firme Mckinsey est formel : il y a une ‘’forte croissance continue de la taille et de la diversité de la classe moyenne chinoise’’.

Toutefois, il faut ajouter à ces constatations un deuxième document du même site Internet s'intéressant cette fois aux villes peuplées par la classe moyenne.​

Carte et graphique ci dessus :  nous avons une carte de la Chine, toujours divisée en provinces. Le graphique en haut à gauche nous donne une idée de la répartition de la classe moyenne chinoise en fonction des types de villes; là encore, on a des prévisions concernant la répartition de la population de la classe moyenne entre 2002 et 2022. Les 17 villes présentes sur la carte sont classées en quatre groupes déterminés par un niveau de PIB (GDP en anglais). On traduit les titres et la légende de la manière suivante :

-share of middle class by type of city, % : répartition de la classe moyenne par catégorie de ville, en %

-tier 1 cities : villes de catégorie 1

- selected tier 2/3/4 cities : villes de catégories 2/3/4 sélectionnées

le texte situé au bas du document se résume ainsi :

le document est basé sur les données de 266 villes; les données de 2022 sont des projections. les villes de 1ère catégorie  ont un PIB supérieur à 932 milliards de Yuan (soit plus de 131 milliards d’euros) quant aux villes de 2ème catégorie, elles ont un PIB compris entre 120 milliards et 932 milliards de Yuan (entre 17 milliards et 131 milliards d’euros); les ville de troisième  catégories ont un PIB compris entre 22 milliards et 120 milliards de Yuan (entre 3 milliards et 17 milliards d’euros) enfin,les cilles quatrième catégorie ont un PIB situé en dessous de 22 milliards de Yuan ( donc 3 milliards d’euros).

Lors de l’étude conjointe des deux documents précédents, on fait le constat suivant : la classe moyenne chinoise est une population urbaine, qui a grandi avec les villes chinoises. On peut prendre l’exemple de Shanghai, dont le renouveau est symbolisé par la tour de Shanghai, située dans le quartier financier de Pudong. Elle mesure 632 mètres de haut, ce qui en fait l’un des plus hauts bâtiments du pays, quasiment deux fois plus haut que notre tour Eiffel… Cette urbanisation de la Chine va de pair avec l’émergence de la classe moyenne.

 

Photographie de la tour de Shanghai (photographe inconnu)

Ainsi, c’est une population moderne, vivant dans des villes développées comme Pékin, Shenzen ou Shanghai. Le fait que la classe moyenne se concentre vers les côtes Est de la Chine fait d’elle une population ouverte sur le monde, incitée au voyage.

La classe moyenne de l’empire du milieu est ainsi concentrée dans la zone du pays qui contient le plus grand nombre d’aéroports, comme on peut le voir sur la carte ci dessous :

 

Carte des principaux aéroports chinois.

Le fait que la classe moyenne se concentre dans des zones aux nombreuses interfaces aériennes ou  maritimes (à l’exemple du port de Tianjin, l’un des plus grands ports du monde en termes de tonnage, qui connut une explosion dévastatrice et meurtrière en août 2015) nous montre que ce groupe social est tourné vers l'extérieur, vers le voyage.

A contrario des populations chinoises traditionnelles, plus tournées vers leurs terres, ces populations étant encore majoritairement de tradition maoïste et résidant, nous l’avons vu, dans la Chine continentale.


Cette classe moyenne chinoise est aussi une catégorie de la population, qui, comme elle est urbaine, à d’autres modes de consommation.​

Document ci dessus : Photographie d’un supermarché Walmart à Shanghai, on remarque aussi un panneau indiquant un restaurant de fast food occidental à gauche de l’image, ce qui montre que les modes de consommation des grandes villes chinoises sont marqués par l'occident : la classe moyenne qui peuple ces villes est donc elle aussi touchée par ces modes de consommation.

Nous pouvons, de plus, ajouter que tout groupe social, toute société, se formant  dans une logique d’opposition par rapport à son antécédent, la classe moyenne  chinoise s’est développée en rupture avec la Chine maoïste.

Plus prosaïquement, une jeune chinoise de moins de trente ans n’aura pas le même mode de vie, ni de consommation que ses parents.

On parle de socialisation anticipatrice. Avec le miracle économique, la croissance a permis à la population de consommer davantage. Quand les Chinois plus vieux consomment majoritairement des biens durables et utilitaires, les jeunes Chinois privilégient la consommation de service, avec, pour les catégories les plus aisées, des choix souvent ostentatoires. (le tourisme faisant partie de ces types de services) . En outre, la consommation de cette nouvelle classe sociale, majoritairement trentenaire s’est occidentalisée.

Elle se tourne vers les marques luxueuses mais aussi vers des habitudes alimentaires différentes, comme le lait.  On imagine très bien cette population faire ses courses dans les firmes de supermarchés présentes en Chine, comme Auchan, Carrefour ou encore chez l'américain Walmart ou le suédois Ikea. Les Chinois font de plus davantage confiance au marques occidentales qui bénéficient d’une image de qualité et de sérieux. Si bien que certains entrepreneurs chinois déposent leur marque à l’étranger…


Aussi, lorsque l’on compare une carte de la répartition démographique de la classe moyenne chinoise et une carte de l’accès Internet en Chine, on constate que les endroits peuplés par le groupe social sont les mêmes que ceux ayant le plus d’accès à Internet. Il est vrai que la population de la classe moyenne est d’une relative jeunesse, ainsi, on peut penser qu’elle est plus à même d'utiliser les ressources du Web. La population de la couche moyenne de la société chinoise est donc une population connectée au monde, notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux, et aussi, cette population peut avoir l’opportunité de réserver des voyages en ligne.​

Carte de la chine montrant la pénétration d’Internet dans le pays. On a les niveaux habituels d’évaluation, lorsque c’est rouge, c’est que la pénétration est élevée, lorsque l’on redescend dans les tons jaunes, la pénétration est moindre.

 

Pour finir, les professions occupées par les individus de cette classe moyenne sont majoritairement des emplois du secteur tertiaire. C’est à dire que cette population est composée de fonctionnaires, employés , cadres, ingénieurs, entrepreneurs, et aussi par  des professions dites de “col blanc” n’existant pas ou quasiment pas avant la mise en place d’une économie de marché.

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